TÉMOIGNAGE PMA : JE SUIS MAMAN SOLO ET HEUREUSEMENT JE NE SUIS PAS SEULE
- mylène BASTIDE LOPEZ
- 16 avr.
- 6 min de lecture

Quand le confinement est arrivé en mars 2020, j’avais 42 ans. Ça faisait des années que j’étais en couple avec un homme qui vivait à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi. Lui était divorcé avec des enfants. Le confinement a imposé un éloignement entre nous. Il a aussi ouvert en moi une réflexion, une introspection sur mes désirs profonds.
J’avais démarré un travail avec une psy avant la Covid. Pendant cette période particulière de confinement, la psy m’a fait prendre conscience que je parlais souvent de bébés et de femmes enceintes. C’est là que j’ai vraiment ouvert les yeux sur mon désir d’enfant qui était jusque-là totalement inconscient. J’ai envisagé pour la première fois la possibilité d’avoir un enfant seule : et si c’était un schéma familial qui me convenait ? Cette ouverture vers la parentalité a été très soudaine et très intense pour moi.
En août 2020, mon désir d’enfant n’avait jamais été aussi clair et affirmé. Mon corps et mon esprit désiraient plus que tout avoir un bébé : c’était devenu la priorité de ma vie.
C’est sur « un bébé toute seule » de Jean-Jacques Goldman que j’ai commencé à faire des recherches sur internet. L’association CEKI est apparue dans le moteur de recherche et je me suis inscrite à une journée d’information organisée deux semaines plus tard sur Montpellier. Une journée qui n’a fait que confirmer le fait que ce soit possible. Plusieurs cliniques intervenaient ce jour-là. J’ai ressenti un vrai feeling avec la coordinatrice et le gynécologue Girexx. Et comme à chaque fois que les planètes sont alignées, tout est allé très vite !
J’ai obtenu un rdv avec la clinique Girexx mi-septembre. La gynécologue m’a parlé des différents traitements qui correspondaient à mon dossier et à mon âge. Pour moi la FIV avec double don ou l’accueil d’embryon étaient les 2 options possibles. Je ressentais un mélange de joie et de stress. La joie a pris le dessus sur mes doutes et les paroles de la gynécologue m’ont rassurée. Elle me disait que nous pouvions programmer ensemble un début de traitement avant la fin de l’année : j’ai décidé de foncer !
Le gynécologue français qui me suivait travaillait dans un centre de PMA, il a été vraiment super parce qu’à ce moment-là, la PMA en solo n’était pas encore autorisée en France. Le double don me donnait la chance de porter mon bébé et la question de la transmission des gènes était secondaire pour moi. Après le premier rendez-vous en visio, je devais terminer de compléter mon dossier médical. Encore une fois mon gynéco a été très réactif pour me prescrire tous les examens manquants et j’ai pu boucler mon dossier pour le mois d’octobre.
Mon dossier complet en main, j’ai recontacté la clinique et la gynécologue et moi avons programmé le début du traitement pour novembre.
Quand on entend parler de la PMA autour de soi, on sait que ce sont des expériences souvent difficiles… alors se lancer seule était un vrai défi. J’en avais parlé avec très peu de personnes. Seuls quelques amis et ma famille proche étaient au courant ; c’est aussi grâce à eux que j’ai aussi bien vécu ce parcours.
Dès le premier jour du protocole je me suis mise en mode « rationnel », j’avais évidemment peur que ça ne fonctionne pas, alors je me suis protégée. J’ai suivi les étapes à la lettre, tous les soirs je faisais une séance de méditation, je lisais pas mal sur le sujet. Mon objectif était de réunir toutes les conditions pour que ça marche.
Quand il m’a fallu passer la frontière, nous étions encore en période de confinement. Girexx m’a fait une attestation pour qu’une amie et moi puissions aller à la clinique. Nous avons découvert Gérone, pour nous c’était magnifique, une petite parenthèse enchantée de quelques jours dans une jolie ville espagnole. Je me souviens que nous avons pris l’apéro dans le centre (peut-être le dernier avant quelques mois…), nous étions fin décembre et les décorations de Noël illuminaient la ville : le cadre était enchanteur.
Le matin du transfert la clinique m’a informé que tout était bon et m’a demandé si je voulais le transfert d’un ou de deux embryons. La vision de moi tenant une poussette double et ne passant pas la porte de l’ascenseur de mon immeuble me fit choisir le transfert d’un seul embryon !
Notre hôtel était à quinze minutes à pied de la clinique, nous avons marché tranquillement jusqu’à Girexx, c’était très chouette. Mon amie est restée dans la salle d’attente. Le gynécologue m’a parlé de mes embryons, j’ai vu les photos et ce qui m’a profondément marqué était de pouvoir voir en vidéo l’embryon arriver dans mon utérus !
Ce qui est fabuleux dans la PMA c’est qu’on peut vivre ce moment : c’est magique.
Après, je suis restée seule, allongée pendant vingt minutes pour laisser l’embryon s’installer. C’était un moment pour me recentrer sur mon corps et sur mon embryon, un vrai moment pour moi. J’ai concentré tout mon amour et toute mon énergie sur cet embryon qui serait peut-être mon futur bébé. J’étais heureuse d’être allée au bout de mon désir d’enfant, je ressentais une grande plénitude et un aboutissement. J’ai ensuite retrouvé mon amie, on s’est prises dans les bras et on a décidé de rester encore deux jours à Gérone pour profiter et prolonger notre séjour. On est allée déjeuner et on a découvert la ville, j’étais consciente qu’il me fallait prendre soin de moi et en même temps qu’il me fallait vivre normalement. C’est quand même très compliqué de vivre sa vie comme si de rien n’était alors qu’on sait qu’un embryon est là, en nous…
Nous sommes rentrées en France et la semaine de Noël est arrivée. J’étais en vacances mais pas de champagne ni de foie gras pour moi cette année-là. La première prise de sang, la tant attendue, a eu lieu le 29 décembre. À 16h40 le retour du labo est arrivé : le test était positif. Ma joie était immense, j’ai même fêté la nouvelle avec une bière sans alcool mise de côté pour l’occasion. En parallèle je savais que les taux devaient encore doubler toutes les 48h, donc j’attendais encore que les prochaines prises de sang me confirment que tout allait bien. J’étais dans la joie et l’étonnement : ça avait marché du premier coup ! Tout était arrivé si vite. J’étais tellement heureuse d’être enceinte ! Heureusement, 48H après les taux avaient doublé. Mon bébé grandissait en moi.
La clinique Girexx m’a félicité et c’est ensuite mon gynécologue en France qui a pris le relais. Je l’ai vu presque tous les mois. Durant les deux premiers mois j’ai dû acheter une vingtaine de tests de grossesse pour qu’ils me confirment que j’étais enceinte, j’avais du mal à réaliser …Ma grossesse s’est très bien passée, j’ai quand même pris du poids, les traitements hormonaux n’y sont pas pour rien. J’ai plein de bons souvenirs durant ces 9 mois. En revanche je n’ai pas annoncé à tout le monde que j’avais fait un double don, je me suis laissé le choix d’en parler avec les personnes que je choisissais. Mes proches ont été ravis pour moi et m’ont rapidement dit que j’étais faite pour être maman à croire que c’était vrai !
Ma fille était tellement bien dans mon ventre qu’il a fallu déclencher l’accouchement quatre jours après le terme. Un accouchement qui a été tout de même un peu long puisqu’il m’a fallu attendre vingt-quatre heures avant de voir le bout du nez de mon bébé. À la maternité, avec les règles sanitaires, seule ma mère a été autorisée à venir. Ma fille est née à 23h, son second prénom est Ana, en référence à ses origines.
Quel bonheur de la prendre dans mes bras et de la rencontrer ! C’est indescriptible...
Nous sommes restées trois jours à la maternité toutes les deux, dans le calme. Je ne voulais pas partir : tout était si paisible. L’allaitement a été un peu compliqué, en revanche j’ai trouvé ma parentalité assez naturellement, il n’y a pas eu de doute, pas de questions existentielles, juste la vie de maman.
Il y a une phrase qui m’a marqué : « Tu es le meilleur parent pour ton bébé. ». C’est finalement nous les parents, qui connaissons le mieux nos enfants. Ce qui m’étonne toujours c’est quand les gens me disent « c’est fou comme elle te ressemble ! ». Elle prend très certainement des mimiques et des gestes de moi, et puis la clinique a fait son travail pour sélectionner les bons donneurs.
Aujourd’hui ma fille a trois ans et demi, nous sommes très entourées, je lui ai toujours dit qu’elle avait beaucoup de tontons et de tatas (mes amis proches). Lorsqu‘elle est entrée à l’école, elle a commencé à se poser des questions. Je lui parle souvent de son histoire dès qu’elle en exprime le besoin. J’ai un livre qui parle de parentalité solo et de PMA.
Il faut beaucoup d’énergie pour mener la PMA et pour assurer sa parentalité solo derrière. Ce qui est important c’est de construire une famille qui nous épaule et nous aide. Je pense que s’il n’y avait pas tous mes proches autour de ma fille et moi, je m’en serai beaucoup moins bien sortie sur le plan de la parentalité. Je suis maman solo et heureusement, je ne suis pas seule.
Mon expérience avec Girexx a été super, ils ont toujours été là, il y a une grande humanité dans leur prise en charge, dès les premiers rendez-vous. Encore une fois ça a commencé avec un feeling qui s’est confirmé jusqu’au bout et je remercie toute l’équipe.
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