Peut-on prendre soin de sa fertilité avec la micronutrition ?
- mylène BASTIDE LOPEZ

- 14 nov.
- 5 min de lecture

Diététicienne micronutritionniste passionnée, Juliette Janvresse est spécialisée dans les troubles digestifs, les troubles féminins, la fertilité et les maladies auto-immunes. Elle répond aujourd'hui à nos questions sur l'impact que peut avoir la micronutrition sur la fertilité.
Juliette, avant tout, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la micronutrition et en quoi elle diffère de la nutrition classique ?
La nutrition classique se focalise surtout sur les macronutriments (protéines lipides, glucides, fibres) qui apportent de l’énergie (calories).
La micronutrition va plus loin. Elle s’intéresse aux vitamines, minéraux, acides gras essentiels, acides aminés et antioxydants. Ces micronutriments n’apportent pas de calories mais sont indispensables aux réactions biochimiques de notre corps.
L’objectif de la micronutrition est de comprendre comment ces micronutriments influencent des fonctions clés comme l’énergie, l’immunité, l’équilibre hormonal, la santé intestinale, la gestion du stress oxydatif et donc la fertilité.
Cette approche, à la fois préventive et personnalisée, cherche à identifier et corriger les déséquilibres propres à chaque individu afin d’optimiser sa santé, dont sa fertilité.
Pourquoi la micronutrition peut jouer un rôle sur la fertilité ?
La fertilité dépend d’un grand nombre de facteurs : équilibre hormonal, qualité des gamètes, environnement utérin, stress oxydatif, équilibre du microbiote ou encore l’état inflammatoire.
La micronutrition agit à chacun de ces niveaux.
Certains micronutriments — comme le zinc, le sélénium, les vitamines B9, B12, D, E, les oméga-3 EPA et DHA ou les antioxydants — jouent un rôle essentiel dans la maturation des ovocytes, la qualité du sperme, la nidation et la prévention des fausses couches précoces.
Par ailleurs, la fertilité est l’une des premières fonctions à être impactée lorsque le corps perçoit un déséquilibre ou un stress important. En situation de carences nutritionnelles ou de surcharge physique ou émotionnelle, l’organisme « choisit » de préserver ses fonctions vitales au détriment de la reproduction.
En effet, porter et nourrir un fœtus demande d’importantes réserves en micronutriments. Si ces réserves sont insuffisantes, le corps considère qu’il n’est pas le moment opportun d’accueillir une grossesse. Cette stratégie de protection vise à éviter qu’une future mère, déjà carencée, ne voie sa santé ou celle de son bébé compromise.
Ainsi, avant ou pendant un parcours de conception, la micronutrition offre une approche préventive, globale et personnalisée, visant à créer le terrain le plus favorable à la vie.
Peut-on réellement corriger des déséquilibres hormonaux ou des troubles du cycle grâce à la micronutrition seule ?
La micronutrition ne remplacera jamais une hygiène de vie équilibrée.
On aura beau prendre toutes les vitamines, minéraux et compléments du monde, si l’on ne bouge pas, que le stress est chronique ou que le sommeil est insuffisant, le corps ne pourra pas fonctionner de façon optimale.
Commencer par la micronutrition sans avoir posé les bases d’un mode de vie sain, c’est un peu comme choisir la décoration avant d’avoir construit la maison. L’alimentation, le mouvement, le repos et la gestion du stress sont les fondations.
Une fois ces piliers en place, la micronutrition et la phytothérapie deviennent alors de puissants leviers pour corriger les déséquilibres hormonaux, soutenir la vitalité et accompagner le corps vers un véritable équilibre.
Y a-t-il des carences fréquentes que vous rencontrez chez les personnes en désir d’enfant ?
Oui, et malheureusement souvent des vitamines et minéraux cruciaux à la fertilité. Les carences les plus fréquentes que je retrouve sont :
- Les oméga-3 EPA/DHA issus des poissons gras ou des huiles enrichies en algues (exemple huile TocoProtect) ;
La vitamine D si la personne ne se supplémente pas selon ses besoins ;
Le fer chez les femmes végétariennes et/ou ayant des menstruations abondantes ;
Le zinc, et encore plus si la femme était sous pilule contraceptive avant le désir de grossesse ;
L’iode
Le magnésium ne se dose pas vraiment, mais la majorité de la population est carencée.
Quel rôle jouent le stress, le sommeil et la digestion dans l’équilibre micronutritionnel et donc dans la fertilité ?
Un stress chronique épuise les réserves en certains micronutriments tels que le magnésium ou le zinc, perturbant la production hormonale et la qualité des gamètes. De plus, lorsque l’on est dans un état de stress chronique, la libido est souvent faible, ce qui ne favorise pas des rapports sexuels épanouis.
Le manque de sommeil est un stress pour le corps. De plus, la mélatonine, « l’hormone du sommeil » joue un rôle vis-à-vis de la qualité des ovocytes et de l’embryon.
Une digestion altérée et/ou un microbiote déséquilibré réduit l’absorption des micronutriments, impactant directement la fertilité. Une dysbiose (déséquilibre du microbiote) va également affecter négativement la fertilité.
À quel moment recommandez-vous une supplémentation ( vitamines, oligo-éléments, acides gras essentiels) ?
Il est recommandé de commencer une supplémentation en vitamines, minéraux et acides gras essentiels au moins trois mois avant la conception. En effet, cette période correspond à la phase finale de maturation des ovocytes et au cycle de renouvellement des spermatozoïdes (environ 74 jours).
C’est durant ces trois mois que la qualité des gamètes est la plus sensible aux apports nutritionnels, au stress oxydatif et à l’équilibre métabolique.
Comment la micronutrition peut-elle s’intégrer à un parcours de PMA (procréation médicalement assistée) ?
La micronutrition s’intègre pleinement dans un parcours de PMA, et j’irai même plus loin en disant qu’elle doit y être intégrée.
Le parcours de PMA est souvent éprouvant, tant sur le plan physique qu’émotionnel. Un accompagnement micronutritionnel permet :
D’optimiser les chances de réussite en améliorant la qualité des ovocytes, des spermatozoïdes et la réceptivité endométriale.
De soutenir l’organisme face au stress et à la charge hormonale induits par les traitements.
De favoriser la santé future de la mère du bébé, en préparant un terrain métabolique et épigénétique favorable dès la conception.
Malheureusement, de nombreux couples se tournent vers la micronutrition après plusieurs échecs de FIV, alors qu’une prise en charge préventive en amont pourrait réellement améliorer leurs chances de succès.
Je recommande vivement à tout couple en désir d’enfant de consulter un professionnel formé en micronutrition afin de bénéficier d’un suivi personnalisé et d’analyses ciblées, essentielles pour adapter la prise en charge.
Si vous deviez donner trois conseils clés pour préserver sa fertilité grâce à la micronutrition, quels seraient-ils ?
1. Soigner son assiette avant tout. Privilégier une alimentation variée type Méditerranéenne riche en fruits et légumes colorés, incluant la si consommation de poissons gras (sardines, maquereaux, harengs, anchois, truite) à raison de 200-300 g/semaine ;
2. Réaliser un bilan sanguin et un RDV avec un professionnel de santé formé à la micronutrition pour corriger les déficits nutritionnels et choisir des posologies, formes galénique adaptée à sa situation ;
3. Soutenir l’équilibre métabolique et intestinal. Un microbiote sain, une glycémie stable et une bonne santé hépatique participent à l’équilibre hormonal.

Diététicienne nutritionniste
Juliette vous accompagne pour retrouver de l’énergie, une meilleure santé et une meilleure fertilité grâce la nutrition.




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