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TÉMOIGNAGE SOPK : quand on vous dit "c'est normal ça va se régler avec le temps".


TÉMOIGNAGE SOPK : quand on vous dit "c'est normal ça va se régler avec le temps".

J’ai toujours eu des règles très irrégulières, parfois tous les deux mois, parfois tous les 42 jours. À l’adolescence, les médecins m’ont simplement dit : "C’est normal, ça va se réguler avec le temps." J’ai pris la pilule très jeune, et je n’ai jamais vraiment remis en question cette irrégularité. C’était « normal ».

C’est bien plus tard, vers 28 ans, que tout a commencé à prendre un autre sens.

J’étais en couple depuis trois ans avec Mathieu, que j’avais rencontré lors d’une formation pour enseignants (Je suis institutrice).

Nous avions envie de fonder une famille. Rien de pressé, mais l’envie de faire place à une nouvelle aventure. Alors, j’ai arrêté la pilule. Et puis… rien. Pas de règles régulières, pas de grossesse. Pendant les premiers mois, on se disait que ça viendrait. Après tout, on connait tous ce couple qui a mis « un an » avant que ça fonctionne. Mais moi, au fond, je sentais que quelque chose clochait. Je "sentais" que mon corps ne travaillait pas comme il aurait dû.


Après sept mois d’attente, j’ai pris rendez-vous chez une nouvelle gynécologue. C’est là que j’ai entendu pour la première fois « Syndrome des Ovaires Polykystiques ». Le SOPK. Un mot que je n’avais jamais entendu, et qui, pourtant, expliquait tant de choses : mes règles chaotiques, l’acné persistante, la fatigue chronique, mes kilos qui résistaient à tout effort… Et, surtout, mon ovulation aléatoire.

Nous étions bouleversés. Non pas seulement par le diagnostic, mais surtout par le fait que personne ne m’en ait parlé plus tôt. J’aurais pu anticiper. J’aurais pu comprendre. Au lieu de ça, j’ai longtemps pensé que j’étais juste "mal réglée".

La gynécologue nous a proposé plusieurs pistes. On est passé par des déclenchements de l’ovulation qui n’ont rien donné, un régime pour perdre quelques kilos et un changement d’habitudes alimentaires : mais bébé n’était toujours pas là. Il pouvait se passer de longues périodes sans que j’aie mes règles, j’avais le moral dans les chaussettes et Mathieu était inquiet lui aussi.

Jusqu’au jour où ma gynécologue nous a parlé de la PMA. Nous avons pris RDV dans un centre. Tout nous semblait long et tellement impersonnel !  Les délais pour les RDV, les délais pour les examens, la prise en charge psy. On nous parlait de plusieurs mois, voire d’un an, avant de débuter une FIV. Et moi, j’avais l’impression que chaque mois de plus me rendait un peu plus vide.


Un soir, lors d’un dîner avec des collègues, une d’entre-elle me raconte que sa meilleure amie vient d'accoucher d'un petit garçon. Un projet PMA en solo fait dans une clinique Espagnole. Elle ne connaissait pas le nom mais son amie était ravie du suivi et des délais. Quelques jours après pendant la récrée elle m’a dit «  C’est Girexx ! La clinique qui a suivi  mon amie s’appelle Girexx ». C’est comme ça que nous avons commencé à nous renseigner sur cette clinique.


Avec Mathieu, nous avons pris notre décision rapidement. On a programmé un rdv en ligne et en moins de 10 jours nous avions notre visio avec une gynécologue de la clinique. Je me souviens encore de cette première rencontre, la médecin parlait français, elle était bienveillante, précise, on s'est senti considérés.

On a respecté les étapes, on a d’abord fait tous les examens demandés. On en avait déjà fait un certain nombre, il nous suffisait simplement de faire ceux qui nous manquaient. On a tout envoyé sur l’espace privé Girexx. On a aussi fait une demande de prise en charge pour minimiser le budget.

Et tout est allé très vite : la gynécologue Girexx nous a demandé de venir à la clinique pour une première visite. C’était bien de découvrir les lieux, la ville…

J’ai commencé la stimulation ovarienne à la maison, avec des piqûres tous les soirs. Mathieu m’aidait, parfois en me faisant les piqures, parfois en me faisant rire. Ce n’était pas toujours simple. Mon ventre était gonflé, mes émotions en vrac, et chaque contrôle échographique devait être fait avant que je commence ma journée de travail. C’était intense !


Le jour de la ponction, je me souviens avoir eu peur. Peur qu’on ne trouve aucun ovocyte ou qu’ils ne soient pas assez bons pour faire un bébé. Peur que tout s’arrête là. Finalement, ils en ont récupéré 11. Sur ces 11, 7 ont été fécondés, et 3 embryons ont atteint le stade J5 !

Un embryon a été transféré et les 2 autres ont été vitrifiés. Et puis, l’attente. La fameuse « prise de sang dans 12 jours ». Une attente presque cruelle. Qui finalement a abouti sur un négatif…

Nous avons vraiment accusé le coup avec Matthieu. On n’avait pas envisagé qu’un résultat négatif puisse arriver. On avait tellement d’espoir qu’on avait uniquement imaginé un positif dès le premier transfert. Il nous a fallu 2 mois de pause pour nous remettre d’aplomb et repartir plus motivés que jamais. Nous avons débuté le protocole pour faire le transfert d’embryon. Quand nous sommes retournés chez Girexx, comme nous étions en plein mois de juillet, nous avons décidé de rester 4 jours sur place pour profiter de Gérone et découvrir les alentours. Puis, nous sommes rentrés en France et évidemment l’attente a commencé. Que cette attente est difficile à vivre ! On s’imagine enceinte, on se dit qu’on ne doit pas trop y croire, mais on s’y accroche quand même. De retour en France, j’avais prévu de voir des amies et de profiter des quelques jours d’attente pour prévoir des sorties et balades dans le coin.


Le jour de la prise de sang est enfin arrivé et quand j’ai reçu les résultats, l’émotion était telle que je n’arrivais pas à ouvrir le mail. Matthieu m’avait dit de l’attendre mais je n’y suis pas arrivée. Il travaillait, je l’ai appelé en pleur pour lui annoncer que j’étais enceinte !


Le premier contrôle échographique a été… surréaliste. Je fixais l’écran. Il y avait deux poches. Deux petits cœurs. J’ai tourné la tête vers Mathieu. Il était livide. Puis il a ri. Un rire nerveux, tremblant, fou de joie. On allait avoir des jumeaux.


Ma grossesse a été suivie de près, bien sûr, à cause du SOPK et du risque de prématurité. Mais tout s’est bien passé. Nos deux petites merveilles, Léa et Zoé, sont nées à 36 semaines, en pleine forme, un matin de printemps.


Aujourd’hui je repense à tout ce chemin. À cette jeune femme de 18 ans à qui on disait que c’était « normal ». À celle de 28 ans qui attendait chaque mois sans comprendre. Et à celle de 30 ans, qui est aujourd'hui une maman épuisée mais comblée.


Ce témoignage est pour toutes les femmes comme moi, à qui on a dit que c’était « dans la tête » ou que leur corps était simplement « lent ». Le SOPK, ce n’est pas qu’une affaire de règles irrégulières. C’est une réalité complexe, hormonale, souvent invisible, mais terriblement impactante. Et surtout, je veux dire qu’il existe des solutions. Que même si le chemin est long, parfois douloureux, il peut aussi mener à la plus belle des renaissances.


Émilie

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