VOTRE SEXUALITÉ EST-ELLE AFFECTÉE PAR LA PMA ?
- mylène BASTIDE LOPEZ
- 8 juil.
- 3 min de lecture

La Procréation Médicalement Assistée (PMA) représente un formidable espoir pour les couples ou individus en désir d’enfant, mais elle s’accompagne également de nombreuses répercussions psychologiques, émotionnelles et physiques. Parmi ces effets secondaires souvent peu évoqués, la sexualité occupe une place centrale. Elle est à la fois le point de départ du désir d’enfant et une des premières sphères à être impactée par le parcours médical.
1. Le passage du plaisir à la fonction
L’un des bouleversements majeurs observés chez les patients en parcours PMA est la transformation de la sexualité en une activité fonctionnelle, centrée sur la reproduction. Ce glissement modifie profondément la sexualité :
Les rapports sexuels deviennent programmés : le calendrier ovulatoire, les examens, les inséminations et les tentatives de fécondation in vitro imposent des temporalités strictes, souvent éloignées du désir spontané.
Le plaisir est relégué au second plan : la pression de « réussir » un rapport sexuel fertile éclipse parfois le plaisir, la tendresse et la complicité.
La libido peut chuter : chez les femmes comme chez les hommes, la charge mentale, l’anxiété et les traitements hormonaux influencent négativement le désir sexuel.
2. La médicalisation du corps intime
Le parcours de PMA implique une exposition intime à de nombreux professionnels de santé, une multiplication des examens gynécologiques, des injections, des ponctions… Cette médicalisation répétée du corps peut générer une sensation de dépossession corporelle :
Les femmes peuvent se sentir instrumentalisées : leur utérus, leurs ovaires et leur cycle deviennent des objets d’intervention médicale.
Les hommes se trouvent parfois réduits à leur rôle de « donneur de sperme », ce qui peut être vécu comme humiliant ou dévalorisant, surtout lorsque des difficultés sont constatées (azoospermie, asthénospermie…).
Cette intrusion du médical dans l’intime peut créer une forme de dissociation entre le corps sexué et le corps reproductif.
3. Les émotions et leur impact sur le lien de couple
La PMA est souvent un parcours semé d’attentes, d’espoirs déçus et d’incertitudes. Ces émotions intenses influencent le lien conjugal et la sexualité :
La frustration et le découragement peuvent entraîner des conflits ou un repli sur soi.
Le silence émotionnel s’installe parfois : par peur de blesser l’autre, de montrer sa tristesse ou sa colère, chacun peut se refermer, ce qui éloigne sur le plan affectif et sexuel.
Des déséquilibres peuvent apparaître : l’un des partenaires peut se sentir plus investi, plus affecté ou plus responsable, ce qui crée des tensions dans la dynamique de couple.
4. Retrouver une sexualité libre dans un parcours contraint
Malgré les défis, il est possible – et même essentiel – de préserver une sexualité vivante et épanouissante pendant la PMA. Pour cela, plusieurs axes peuvent être explorés :
Redonner de la place à la sensualité : réintroduire des gestes non liés à la reproduction, valoriser les caresses, les massages, les moments de tendresse sans obligation de rapport sexuel.
Dissocier sexualité et fertilité : en se réappropriant une sexualité pour soi, pour le couple, en dehors du cycle ovulatoire.
Exprimer ses émotions : oser parler de ses ressentis, ses peurs, ses déceptions avec son/sa partenaire, mais aussi avec un professionnel si nécessaire.
Faire appel à un sexologue : pour certains couples ou individus, consulter un sexologue spécialisé en infertilité peut permettre de reconstruire un espace de parole, de désir et de plaisir.
La PMA bouleverse profondément la sexualité : elle la confronte à des enjeux de performance, de temporalité et de contrôle. Pourtant, dans cette tempête émotionnelle et médicale, la sexualité peut rester un refuge, un espace de réconfort et de complicité. L’enjeu n’est pas de « forcer » le désir ou le plaisir, mais de réinventer une intimité à deux, à l’écoute des corps et des émotions.
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